V.I. Pâques en Provence - 2 avril 2010 (2ème jour)
2 avril 2010 - Crest/Vaison-la-Romaine - 110 km
Après une bonne nuit passée chez les sœurs Clarisse et un bon petit déjeuner, nous quittons Crest à vélo avec une température très fraîche mais le ciel est d’un bleu magnifique et laisse présager une journée qui va « chauffer », chouette alors !
Nous passons à Aouste-sur-Sye
Puis au creux de magnifiques gorges très humides
Yves au fond
Les 3 becs enneigés
Et nous arrivons au Col du Pas de Lauzun
Michel G.
S’ensuit une petite descente, Evelyne roule devant moi. Une voiture me double, puis la double et à ce moment-là, j’entends une véritable explosion, comme un coup de pistolet ! La voiture file et Evelyne est toujours vivante, ouf ! Elle s’arrête car on dirait que c’est son pneu qui a fait ce bruit.
Le pneu est réparé par Michel G. et Yves D. qui change la chambre à air qui est dégonflée, et Françoise part prévenir les autres de la raison de notre retard.
Mais il y a aussi un petit trou dans le pneu lui-même et si Evelyne repart ainsi elle n’ira pas loin. Donc, on redémonte la roue et Michel colle une rustine sur le pneu et ajoute un morceau de chambre à air rectangulaire comme emplâtre pour tenir encore quelques kilomètres. Evelyne essaye de prévenir avec son portable ceux qui sont partis devant mais comme nous sommes dans un coin très encaissé, les ondes ne passent pas. En fait, le problème est que les patins de freins arrière d’Evelyne touchent le pneu et l’abîment, comme il y a deux ans lors du BCMF dans le Jura où son pneu avait littéralement éclaté. Nous repartons donc en roulant doucement car Evelyne ne peut freiner qu’avec les freins avant et la pente est bien marquée ! Evelyne est très prudente. Nous passons dans un endroit très encaissé, glacial et à l’ombre, on dirait qu’il fait zéro degrés, je suis frigorifiée. Nous entrons dans la forêt de Saoû, domaine assez impressionnant. Un peu d’histoire, grâce à Yves D. à nouveau.
En 1924, Maurice Burrus, député du Haut-Rhin, homme d’affaires fortuné et magnat du tabac, originaire de Ste-Croix-aux-Mines en Alsace (1882-1959) décide d’acheter la forêt de Saoû pour en faire une chasse. Mais il se ravise et décide d’en faire un parc naturel ouvert au public. Amoureux des grands domaines forestiers, Maurice Burrus a pour ambition d’ouvrir sa forêt à tous. Il plante de nouvelles essences (pins noirs d’Autriche, cèdres de l’Atlas, etc …) et réalise un circuit touristique en aménageant un chemin de 28 km partiellement goudronné, jalonné d’aires de pique-nique et d’équipements pour les promeneurs. Il confie à Paul Boyer la construction d’une auberge inspirée du petit Trianon et de l’Orangerie de Versailles.
Paul Boyer, architecte à Romans-sur-Isère, travaille dès 1928 à la construction de l’Auberge des Dauphins. L’auberge obtient dès 1934 deux macarons et trois fourchettes au guide Michelin. Pendant la 2nde Guerre Mondiale, elle est très abîmée, puis abandonnée. Aujourd’hui, l’auberge des Dauphins apparaît comme une construction insolite, une « folie » qui fait partie du patrimoine des Saoûniens et des Drômois. Propriétaire depuis 2003, le Département de la Drôme a déjà conduit des travaux de conservation et de mise en valeur.
Lorsque M. Liautard, instituteur, fut nommé à l’école de Saoû en 1930, il arriva avec son petit bagage et fut accueilli par l’industriel qui le conduisit aussitôt dans la classe qu’il avait fait aménager dans la salle de billard du château. Il y avait tout le confort et les pupitres étaient réglables. M.Burrus lui dit « Vous avez carte blanche, je vous fais confiance. Achetez tout ce qui est nécessaire. Vous serez logé dans une chambre du château et la gouvernante s’occupera de votre ménage ». L’instituteur n’en croyait ni ses yeux, ni ses oreilles. C’était pourtant bien vrai et pendant 4 ans il mena ainsi la vie de château avec ses 18 élèves, tous enfants d’agriculteurs, d’employés, de bûcherons et de gardes forestiers. Il prenait ses repas dans la magnifique auberge des Dauphins qu’on appelle aujourd’hui le « Petit Trianon », tristement délabré et que beaucoup de promeneurs confondent avec le château qui n’existe plus.
Eglise de Saôu
Petite pause au café/restaurant "L'oiseau sur sa Branche"
Chaque année, en juillet a lieu le Festival « Saoû chante Mozart ». Il y a quelques années, j’ai justement assisté à un concert en plein air, le soir, au cœur de la forêt de Saoû, c’était magique comme ambiance avec la nuit qui tombait.
Le pneu d’Evelyne est changé pour éviter tout problème par la suite. Evelyne ne trouve plus son portable et il est question de remonter en camionnette avec la remorque pour voir si il n’est pas tombé dans l’herbe lors de la réparation. Finalement, elle le retrouve dans la camionnette où il était tombé de sa poche car il fallait littéralement plonger en avant dans le coffre pour avoir accès aux affaires ou pour ouvrir les portes, celles-ci ne s’ouvrant pas de l’extérieur .
Ruines sur les hauteurs
Nous passons à Soyans, puis Pont-de-Barret, ancienne cité gallo-romaine, avec un pont romain sur le Roubion L’architecture est dauphinoise, avec un dédale de rues et d’escaliers pittoresques et fleuris, un joli petit village en somme. Au début du XXième siècle, il y avait quelques industries qui ont maintenant disparu : usine de chaux, embouteillage d’eau minérale « La Souveraine » et moulinages de soie.
Yves propose à ceux qui le souhaitent de passer une bosse supplémentaire en montant à Eyzahut. Je m’y lance donc avec Christophe, Benoît et Michel F.
Effectivement, nous avons une bonne montée avant d’atteindre le village d’où nous aurons une vue superbe.
Arrivée à Eyzahut
Eyzahut : nom d’origine celtique = « nid d’aigle ». Les seigneurs d’Eyzahut étaient au Moyen-âge, commandeurs du Poët Laval, village dominé par des falaises et plus de 800 m.
Vue à la descente
C'est magnifique
Les deux frères
Nous rejoignons le reste de la troupe installé pour le pique-nique dans le Parc de la Bégude de Mazenc où Daniel C. les a déjà rejoints.
La Bégude est composée de 2 sites distincts : le village de la Bégude-de-Mazenc (où j’ai appris à nager à la piscine municipale quand j’étais petite, hé, hé), et le vieux village « Châteauneuf-de-Mazenc », en haut de la colline, couronné par un beffroi. Du haut du vieux village, il y a une vue sur la Valdaine agricole.
Après nous être rassasiés, nous partons en direction du Poët-Laval, abrité du Mistral car se trouvant plein sud, et classé l’un des plus beaux villages de France, avec son ancienne commanderie de l’ordre des Hospitaliers de St Jean-de-Jérusalem, dont le premier grand-maître, Raymond du Puy, était originaire de la région.
On y trouve un Musée du Protestantisme Dauphinois dans l’ancienne demeure d’un chevalier-Hospitalier, qui abrita également un temple aux XVIIième et XVIIIième siècle, dans le même temps il servait de « maison commune » au village. Cette double fonction sauva d’ailleurs le temple de la destruction lors de la révocation de l’Edit de Nantes, ce qui en fait l’un des plus anciens de France. Le vieux village accueille de nombreux artistes, amateurs et professionnels. Le donjon massif du château dominant le village a été construit au XIIème siècle.
Le village en entier, dommage qu'il y ait la grue ...
Nous repartons ensuite en direction de Dieulefit en empruntant la piste cyclable, ce qui est appréciable.
Il fait un temps magnifique, c’est très agréable de rouler avec cette météo . Le soleil chauffe et je quitte la veste thermique.
Arrivée à Dieulefit
Pierre et Evelyne devant
Dieulefit, l’une des capitales intellectuelles de la France sous l’Occupation selon Aragon, et l’une des nombreuses capitales de la poterie, où passe le Jabron.
Nous passons ensuite à La Roche-St-Secret, à l’origine de 4 villlages. Pendant les guerres de religions, ce village et Beconne étaient pro-catholiques, Alençon et Blacon étaient pro-protestants. Alençon fut détruite, sauf le donjon.
Nous croisons un groupe cyclo qui nous salue joyeusement.
Nous passons près du village « Le Pègue », petit village où curieusement se trouve un musée archéologique très intéressant que nous avons visité avec Bruno et Nathalie il y a quelques années.
Vignes et neige
Vue sur Vinsobres
Mirabel-aux-Baronnies est une ancienne capitale de la tribu des Voconces, gaulois battus en 125 par les romains lors de la conquête de la Narbonnaise. Ils peuplaient le triangle Grenoble-Ventoux-Manosque. Le quartier juif fut rasé en 1350 sous prétexte de propagation de la peste. Les guerres de religion y ont fait de gros dégâts. Une colonie italienne importante en 1850 a construit l’un des premiers réseaux d’adduction d’eau communale qui fonctionne encore à partir d’une source nommée la « Tune ».
Françoise et Michel G. à l'entré de Mirabel, notre dernière halte avant Vaison.
Nous arrivons à Vaison-la-Romaine en fin d'après-midi au gîte très confortable "L'Escapade" où nous séjournerons jusqu'au lundi matin.